par Yannic Barraud
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14 août 2022
À Bellegarde, seule commune alémanique du district de Gruyère située non loin du Jaun, un cimetière préserve une œuvre sans doute unique en Suisse, un alignement de tombes ornées de crucifix en bois d’arole sculptés. Jusque-là, rien de surprenant, me direz-vous ? Sauf que chacune des croix supporte un petit toit aux bardeaux apparents, qui protège un bas-relief sculpté lui aussi, qui résume la vie du défunt sous forme d’un portrait, d’un métier, d’une scène de la vie montagnarde, ou encore d’un animal, ce qui donne aux croix une richesse artisanale stupéfiante, tout en soulignant que chaque disparu était unique et méritait une épitaphe gravée à l’avenant. La coutume commença en 1948, quand Walter Cottier, un menuisier artiste habitant les lieux, décida d’orner ainsi la tombe de son grand-père, car la pauvreté de leur famille ne le leur permettait pas d’acheter une pierre tombale. Impressionnés par la beauté du monument sculpté, d’autres villageois lui passèrent commande pour honorer la vie de leurs défunts, une tradition qui perdure encore de nos jours, car un habitant du Village, lui aussi menuisier et sculpteur, a repris le flambeau des Crucifix aux bas-reliefs sculptés…